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CycleHack à Québec, un concept innovant pour des solutions au cyclisme utilitaire

Créé par Anne Larcher, maîtrise en littérature et arts de la scène et de l’écran, Faculté des lettres et des sciences humaines. Directeur de recherche : Liviu Dospinescu. | | Numéro 14, Hiver 2018 | Actualité

Fondé en 2014 au Royaume-Uni, le concept de CycleHack ne cesse de se propager à travers la planète. 2017 a marqué la première participation de la ville de Québec à l’initiative de la COOP Roue-Libre. Retour sur cette expérience collaborative de recherche de solutions pour le cyclisme utilitaire.

Pour la première fois cette année, la ville de Québec a participé au mouvement CycleHack, à l’initiative d’étudiants (dont l’auteure de cet article) et d’employés de l’Université Laval soutenus par la Coop Roue-Libre. Évènement mondial et local à la fois, CycleHack vise à trouver, grâce au design thinking, des solutions innovantes aux barrières en tous genres auxquelles les cyclistes de Québec sont souvent confrontés. Pour cette 4e édition au niveau mondial, 26 villes participaient et Québec était la première ville québécoise à avoir rejoint le mouvement. Du 15 au 17 septembre dernier, des membres de la communauté du cyclisme dit « utilitaire » (c’est-à-dire un cyclisme qui a vocation à permettre le déplacement des personnes ou des marchandises) se sont rassemblés à l’Université Laval afin de repenser le cyclisme à Québec. L’événement faisait partie des deux événements tenus sur le campus dans le cadre de la campagne J’Embarque d’Accès Transports Viables(1). Cet article se veut un retour sur cette expérience originale.

Le design thinking est la méthode appliquée pour amener les participants à concevoir un hack (une solution) en un temps très court : en réponse à une barrière au cyclisme, ils imaginent une solution qui est ensuite prototypée et testée sur le terrain. En fonction des résultats obtenus, l’opération est réitérée une ou plusieurs fois jusqu’à arriver à une solution. La majorité de la fin de semaine était donc consacrée à ce processus. Parmi 20 participants inscrits, 9 se sont présentés. Nous présumons que beaucoup d’inscrits ont préféré faire du vélo, vu la température estivale durant la fin de semaine en question. La gratuité de l’événement a probablement aussi réduit le niveau d’engagement des inscrits.

Deux équipes ont donc travaillé toute la fin de semaine sur deux barrières spécifiques de la ville de Québec. Une équipe s’est attelée à la problématique des racks à vélo 4 saisons alors que l’autre s’est intéressée à la manière de faire en sorte que le cyclisme soit un enjeu électoral dans la campagne municipale qui était alors imminente. Les deux équipes ont été sur le terrain évaluer leurs idées avant de finaliser leurs hacks. Ces solutions proposées étaient les suivantes : 

  • un modèle d’installation de racks à vélo dans les souterrains (au lieu de l’extérieur) disponibles toute l’année. L’Université Laval l’a ajouté dans son portefeuille de solutions pour répondre aux besoins de ses usagers.
  • une randonnée familiale, « Limoilou en p’tites roues »(2), programmée le 24 septembre 2017 et intégrée à la campagne J’Embarque, afin de sensibiliser les candidats à la Mairie à l’existence et aux besoins du public familial cycliste. Forte de son succès, une deuxième édition, « Saint-Sauveur en p’tites roues », était programmée le 14 octobre 2017, mais a dû être annulée pour cause de pluie.

Ce projet, notamment couvert par des médias étudiants (Impact Campus)(3), était soutenu par Accès Transports Viables, Vélo Québec, le Fond de développement durable de l’Université Laval, la Fondation de l’Université Laval, la Confédération des Associations D’Étudiants et Étudiantes de l’Université Laval (CADEUL), l’Association des Étudiantes et des Étudiants de Laval Inscrits aux Études Supérieures (AÉLIÈS) et la COOP Zone. Enfin, la Bibliothèque de l’Université Laval a gracieusement mis à disposition la salle où l’événement a eu lieu.

S’il y avait 3 villes participantes à CycleHack en 2014, en 2015 il y en avait déjà 22 puis 27 en 2016. Cette croissance démontre l’intérêt du concept et la volonté de la communauté cycliste internationale de contribuer à son développement. Avant CycleHack 2017, le catalogue contenait plus de 500 barrières et un total de 228 hacks. Plusieurs des hacks ont débouché sur des produits commercialisés. C’est le cas, par exemple, de Penny In Your Pants, une solution pour que les femmes puissent faire du vélo en jupe sans s’exposer : la jupe est transformée en short grâce à ce hack. Ainsi, de simple concept (matérialisé avec une pièce et un élastique), il a évolué vers un produit(4).

Pour la prochaine édition, nous aimerions pouvoir réduire la formule sur une journée pour nous assurer de l’engagement des participants, faire un travail collaboratif avec l’organisation internationale CycleHack pour traduire une partie de la plateforme en français et enfin entériner un jumelage avec une ville francophone comme Paris ou Bruxelles. Au niveau local, nous songeons à rendre l’événement payant, même si la contribution est symbolique, pour augmenter l’engagement des inscrits. De plus, nous souhaiterions faire en sorte que l’évènement soit plus éco-responsable et améliorer l’arrimage à la campagne J’Embarque (le cas échéant).

Le plus gros défi reste cependant de réussir à travailler avec CycleHack Royaume-Uni pour la francisation d’au moins une partie de la plateforme informatique, celle qui concerne les barrières. L’un des avantages de ce mouvement collaboratif international est en effet que les solutions développées, en plus de leur application locale directe, sont également mises à disposition de la communauté cycliste internationale via la plateforme, et la francophonie ne doit pas être en reste. Ainsi, chaque équipe peut être fière de contribuer à l’avancement du cyclisme utilitaire de façon globale. Le concept, à l’image des hackathons de la communauté informatique, prouve qu’il est applicable à d’autres domaines, dont le développement durable. Pour toutes ces raisons, la COOP Roue-Libre compte renouveler l’expérience avec CycleHack 2018 en faisant les ajustements mentionnés dans ce retour d’expérience.


Références :

(1) [s.n.], 2017. Pour favoriser la mobilité durable [en ligne]. Le Fil. https://www.lefil.ulaval.ca/favoriser-mobilite-durable/ [consulté le 15 novembre 2017].

(2) Vincent, S., 2017. Randonnée familiale à vélo et design urbain citoyen ce dimanche [en ligne]. Monlimoilou. https://monlimoilou.com/2017/randonnee-familiale-avelo-et-design-urbain-citoyen-ce-dimanche/ [consulté en novembre 2017].

(3) Durand, F., 2017. Le phénomène CycleHack s’arrête à Québec [en ligne]. Impact Campus. http://impactcampus.ca/actualites/le-phenomene-cyclehack-sarrete-quebec/ [consulté en novembre 2017].

(4) [s.n.], 2015. Penny In Yo’ Pants [en ligne]. Youtube. https://www.youtube.com/watch?v=IhWY9am9XHM [consulté le 1er décembre 2017]. 

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